Ressource vitale, et également précieuse, l’eau se fait de plus en plus rare dans de nombreux pays.
Dans mon pays, la RDC, l’eau représente un patrimoine hydrique à la fois très important et abondant.
En effet, le réseau hydrographique de la RDC couvre environ 77 810 km² de son territoire(1). Il est constitué en grande partie de lacs et de rivières, dont les fameux Grands Lacs Victoria, Tanganyika, Edouard et Kivu à cheval sur les pays voisins à l’Est. Des lacs, qui comptabilisent aussi des records au niveau africain et mondial.
Et bien sûr le majestueux fleuve Congo, véritable colonne vertébrale du pays, deuxième fleuve au monde derrière l’Amazone pour son débit de 80 832 m³/s, et cinquième par sa longueur soit 4 700 km(2).
Cependant, derrière toute cette beauté se cache une bien triste réalité !
Qu’advient-il de cet immense réseau hydrographique ?
Un énorme dépotoir…
Les berges du fleuve Congo se sont transformées en banquise de sacs et bouteilles en plastique. En raison de fortes pluies qui s’abattent sur le pays, les bouteilles qui viennent de loin, sont emportées par le courant et atterrissent finalement sur le fleuve qui couvre une grande partie de la ville de Kinshasa, formant ainsi un amas de bouteilles plastiques flottant.
Mais il n’y a pas que le fleuve qui se retrouve envahis. Les rivières également sont chargées de déchets, qui forment d’innombrables tapis de plastique, laissant disparaître toutes traces d’existence de rivières dans certains milieux.
Résultats : des inondations, parfois meurtrières lors de fortes pluies. Selon le HCR, en 2020, dans le Sud-Kivu, près de 80 000 personnes ont été touchées par de graves inondations causant la mort de 25 d’entre elles selon les premières informations. Tout portant à croire que de nombreuses autres personnes auraient été emportées par les crues.
En effet, les ordures qui s'accumulent, bouchent les tuyauteries et empêchent l'eau de pénétrer dans le sol. Ce qui cause, une fois de plus, lors de fortes pluies, des inondations provoquant parfois la mort de certains habitants.
Toutefois, le réseau hydrographique de la RDC n’est pas pollué que par les déchets plastiques ou ordures ménagères.
Dans certaines provinces comme l’ex-province du Katanga, plusieurs cours d’eau sont exposés à la pollution provoquée par l’activité minière intense dans ce coin. Les conséquences de la pollution des cours d’eau sont la présence des teneurs élevées des métaux lourds rejetés par les industries minières. Selon les normes environnementales, la quantité requise de cuivre pour un litre d’eau est de 0,16 mg contre 30 mg et 135 mg de zinc contre 1,16 g que l’on retrouve dans les eaux Katangaises(4).
De cette situation, les habitants n’en peuvent plus. La pollution des eaux s’accumule et avec elle, les risques sanitaires.
Les différentes pratiques citées ci-haut constituent une menace pour la qualité de l’eau et pour l’écosystème.
Près de 38 millions de congolais ou 53.5 % des ménages de la RDC puisent leur eau quotidienne dans un fleuve, un lac, ou une autre source non propre(5). Cette eau est utilisée pour cuisiner, se laver, nettoyer sa maison, et surtout pour boire.
Les populations, en consommant une eau polluée, s’exposent à de nombreuses maladies, notamment des maladies hydriques telles que le choléra. En 2013, 27 012 cas et 367 décès de choléra ont été enregistrés, dont près de 50% étaient attribués à l’épidémie au Katanga(6).
Cette pollution touche également la biodiversité, entraînant la disparition des espèces animales et végétales.
Au vue de tout ceci, une prise de conscience et un changement de mentalité et donc de comportement s’imposent à tous résidents de la RDC.
Car l’eau, cette ressource indispensable, limitée et de plus en plus rare dans le monde, s’avère être en abondance dans notre pays.
Alors, prenons-en soin, respectons-la, car elle est source de vie !
Bibliographie
1. (1), (2) Tourisme RD Congo. Les atouts de la RDC. [En ligne] https://www.congo-tourisme.org [Consulté le 07 novembre 2020]
2. (3) UNHCR. RDC : Des dizaines de morts et 80 000 personnes touchées par les graves inondations dans le Sud-Kivu. Mise à jour le 21 avril 2020. [En ligne]. https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2020/4/5e9ed4e3a/rdc-dizaines-morts-80-000-personnes-touchees-graves-inondations-sud-kivu.html [Consulté le 12 novembre 2020]
3. (4) Pinganayi, Glody. Les activités humaines continuent de polluer les eaux en RDC. Mise à jour le 27 juillet 2019. [En ligne] https://www.lemag.cd [Consulté le 08 novembre 2020]
4. (5), (6) Relief web. 38 millions de congolais n’ont pas accès à l’eau potable. Mise à jour le 31 mars 2014. [En ligne] https://reliefweb.int/report/democratic-republic-congo/38-millions-de-congolais-n-ont-pas-acc-s-l-eau-potable [Consulté le 08 novembre 2020]
5. Mousset, Laura. RDC : A Kinshasa, les déchets plastiques envahissent les cours d’eau. Mise à jour le 26 mai 2017. [En ligne] https://information.tv5monde.com/afrique/rdc-kinshasa-les-dechets-plastiques-envahissent-les-cours-eau-fleuve-congo-pollution- [Consulté le 07 novembre 2020]
6. Les Observateurs. Une « banquise de bouteilles en plastique recouvre le fleuve Congo à Kinshasa. Mise à jour le 05 mai 2017. [En ligne]. https://observers.france24.com/fr/20170509-une-banquise-bouteilles-plastique-recouvre-fleuve-congo-kinshasa [Consulté le 08 novembre 2020]
Par Noella Ciakavunda