Le problème de déchets dans la ville de Kinshasa

Kinshasa est la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). Elle s’étend dans la partie sud-ouest du pays avec une superficie de 9.965km².

La ville comprend 24 communes et a un nombre d’habitants estimé, en 2021, à au moins 16 millions. Ces statistiques font d’elle, l’une de plus grande agglomération de l’Afrique et l’une des agglomérations les plus peuplées de pays francophones.

En effet, à Kinshasa, ils se posent des sérieux problèmes de salubrité publique partout avec une ampleur inquiétante pour la santé de la population et pour l’environnement. Cette production croissante de déchets fait que la ville aujourd’hui rencontre des difficultés en ce qui concerne l’assainissement de son environnement.[1]

L’environnement kinois devient de plus en plus insalubre car il se présente cette difficulté à gérer les déchets. Les moyens administratifs ne permettent pas une gestion efficace de tous les déchets produits par la ville. La ville se sent vieillissante. Il n’y a pas eu des grands travaux de suivi sur son urbanisation et sa réhabilitation. Tant des constructions anarchiques sont nées. A ceci s’ajoute des systèmes de canalisation d’eau vétustes.

En effet, on peut observer des caniveaux bouchés par des déchets organiques, des bouteilles plastiques, de la boue, etc. Tout ceci débouche à une pollution des rivières, voire de certaines parties du Fleuve Congo passant la ville. On peut également observer des marres de bouteille en plastique flottant sur presque toutes les rivières de la ville, offrant ainsi une vue plutôt pittoresque de ce qu’est la pollution des eaux dans la ville de Kinshasa.

Aujourd’hui, Kinshasa est une ville de plus insalubre. Il n’existe aucune stratégie concrète sur sa gestion de déchets. Le traitement de déchets se fait au gré des régimes municipaux en place, avec des approches pas très élaborées et peu abouties ; et dans d’autres coins de la ville, selon l’organisation même de la population. C’est un peu partout qu’on retrouve des décharges publiques et des poubelles anarchiques dans la rue.

La Régie d’assainissement de Kinshasa a affirmé le 14 novembre 2018 que la ville de Kinshasa produit soit 90 000 tonnes de déchets par jour, dont seulement 20 000 tonnes étaient dégagées au quotidien, faute de moyens. Depuis que ce projet a cessé d’être financé par l’Union Européenne (UE), l’hôtel de ville de Kinshasa connait des difficultés pour assainir la ville, débordé au vu de l’ampleur de la tâche. Par conséquent, les dépotoirs anarchiques s’implantent n’importe où et n’importe comment dans les ronds-points, dans les marchés, dans les cours d’eaux, dans les caniveaux et dans les emprises routières.[2]

En bref, la question sur la gestion de déchets dans la ville de Kinshasa s’avère être une priorité lorsqu’on voit l’impact qu’ont ces déchets non entretenus sur l’environnement, surtout pendant les grandes périodes d’intempéries. Les dégâts constatés sont de plus alarmants.

Toutefois, voyons ce que peuvent être les pistes de solution à proposer… 

Il est tout d’abord question d’organiser la collecte et le traitement de tous les déchets que produisent la ville. Une collecte et un traitement de déchets bien organisés contribuent à l’assainissement de l’environnement. Bien des projets sont lancés dans ce sens, cependant ce sont des initiatives qui requièrent beaucoup de moyens techniques pour qu’elles aboutissent à leur mission.

En outre, des nombreuses avancées scientifiques dans le domaine de l’écologie font qu’aujourd’hui l’homme ne s’arrête plus de réfléchir sur la gestion de son environnement, sur les déchets qu’il produit, sur l’utilité de ces déchets à long terme. En effet, la question écologique devient peu à peu la centrifugeuse de tous les débats économiques, politique ou sociale dans le monde.

Le recyclage de déchets produits par l’homme est une façon de repenser l’économie. On est actuellement porté vers une pensée verte de l’économie. On veut quitter cette société du tout jetable pour embrasser un modèle économique plutôt circulaire où l’on limite la consommation des matières non renouvelables et polluantes pour l’environnement. Ainsi, on diminue notre empreinte carbone et on lutte contre le réchauffement climatique.

Par ailleurs, il existe bien des projets dans l’optique de la collecte et du traitement des déchets produits par la ville. Il y a des entreprises de la place, pour la plupart subventionnées par le gouvernement ou par des organismes internationaux, qui s’activent dans la collecte et le traitement des déchets plastiques pour ensuite les utiliser comme matière première dans le domaine par exemple de la construction pour la fabrication des pavés, des briques, etc.

D’autres entreprises sont dans la perspective de l’utilisation de déchets organiques pour la production des énergies vertes, par exemple la transformation de déchets biodégradables en charbon. Ce dernier peut être le substitut idéal du charbon de bois qui est très sollicité par la population. Par conséquent, on peut contribuer à freiner la déforestation d’autant plus qu’on connait le rôle central que joue les arbres dans la lutte contre le réchauffement climatique.   

Au vu de tout ceci, on voit bien l’intérêt de définir des solutions viables techniquement et financièrement afin de lutter contre cette pollution qui assaillit la ville de Kinshasa suite à sa mauvaise gestion de déchets.

Somme toute, les initiatives lancées pour une gestion écologique de déchets de la ville doivent aboutir sur une perspective de limiter la production de déchets non-biodégradables, augmenter le taux de recyclage, promouvoir les projets qui suivent les deux précédentes démarches et utiliser des méthodes écoresponsables pour le traitement des déchets.

Céleste KATANGA


[1] ETUDE DE LA GESTION ACTUELLE DES DECHETS URBAINS A KINSHASA PAR OBSERVATION LE LONG DE L’AVENUE UNIVERSITE : https://hal.science/hal-03565511v9

[2] ETUDE DE LA GESTION ACTUELLE DES DECHETS URBAINS A KINSHASA PAR OBSERVATION LE LONG DE L’AVENUE UNIVERSITE : https://hal.science/hal-03565511v9

Nous n’avons que la République Démocratique du Congo !

En 1974, on célèbre pour la première fois la journée mondiale de l’environnement et de l’homme sous le fameux thème « Nous n’avons qu’une seule terre ».  

Cette année est marquée par la sensibilisation de l’homme face aux problèmes environnementaux dont il fait face : la pollution, l’explosion démographique, le réchauffement climatique et la déforestation.

La prise de conscience de ces problèmes, nous permet de repenser le modèle de développement économique. Ce dernier impliquera les aspects environnementaux et écologiques pour un développement durable.

A cet effet, chacun de pays dans le monde est appelé à réaliser cet exercice, c’est-à-dire intégrer les problématiques environnementales et écologiques à ses questions économiques. Et la République Démocratique du Congo (RDC) ne vient pas se dérober pas à cette exigence.

Ce mastodonte d’Afrique centrale est un pays aux potentiels et ressources multiples et variés. C’est aussi un pays à multiples problèmes dont il fait face tant en interne qu’en externe. Cependant, la RDC, pour son agenda écologique, se veut également un « pays solution » face aux risques environnementaux qui touchent actuellement toute l’humanité.

Le risque de réchauffement climatique qu’affronte notre planète fait que la RDC veuille aussi jouer sa partition en tant que l’un de poumon du monde avec le Brésil de par leurs potentiels forestiers.

Pour Michel Baudouin, recteur de l'Institut facultaire des Sciences agronomiques de Yangambi, les forêts du bassin du Congo stockent par hectare et par an, plus de CO2 que l'Amazonie. De fait, le bassin du Congo n’est pas le deuxième poumon de la planète, mais le premier. C’est la deuxième superficie, mais c’est la première capacité de fixation de carbone. [1]

Le bassin du Congo, c’est aussi une mosaïque de forêts, de savanes, de marécages, de rivières et de forêts inondées. On y trouve environ 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % sont uniques à la région. Les espèces menacées, comme les éléphants de forêt, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles de plaine et montagne peuplent ces forêts luxuriantes. Au total plus de 400 espèces de mammifères, 1 000 espèces d’oiseaux et 700 espèces de poissons ont trouvé refuge dans la zone. Ce bassin est aussi nourricière de plus de 150 groupes ethniques distincts qui cohabitent ensemble.[2]

Il y a là un intérêt que la population congolaise s’imprègne de sa situation environnementale et intègre cette donne dans sa culture quotidienne afin de développer une politique écologique sérieuse qui lui donne une place d’honneur dans les enjeux environnementaux mondiaux.

Ainsi donc, le congolais doit prendre conscience de ce patrimoine environnemental qu’est la RDC, car il n’a que ça comme richesse.

Bibliographie                                                                                                                 

[1] RDC : un "pays solution" pour la planète et les fermiers congolais. Laurence Alexandrowicz. Mise à jour: 08/11/2021. [En ligne]. Euronews : RDC : un "pays solution" pour la planète et les fermiers congolais | Euronews

[2] Bassin du Congo : Retour à l’état de nature. [En ligne]. WWF : Le bassin du Congo, forêt pluviale menacée | WWF France

La Journée nationale de l’arbre, l’occasion parfaite à la promotion de la culture du reboisement en RDC.

Chaque année, en date du 05 Décembre, la RDC célèbre la journée nationale de l’arbre.

Dans le cadre de cette journée, la Direction de Reboisement et Horticulture (DRHo), chargé de la reconstitution du capital forestier, reboise près de 5 hectares d’arbres.

Cette journée est une occasion pour tous d’en apprendre d’avantages sur ces géants magnifiques et vénérables qui nous procurent tant de bienfaits, et que certains tiennent pour acquis au quotidien.

En effet, les arbres procurent non seulement de la nourriture et de l’oxygène, essentiels à la vie, mais aussi de l’air pur, des abris et un habitat à des espèces fauniques de notre pays. Ils contribuent également à un environnement sain en améliorant la qualité de l’air et en stabilisant les sols.

D’après le U.S. Department of Agriculture, un acre de forêt absorbe six tonnes de dioxyde de carbone et émet quatre tonnes d’oxygène. De bonnes bouffées d’air pur en perspective! (2)

En outre, la respiration des arbres filtre l’air ambiant; elle en retire des poussières, du monoxyde de carbone, du dioxyde de soufre, du dioxyde d’azote et d’autres polluants. Les arbres ont également de longues racines qui fixent le sol, atténuant ainsi l’érosion; elles absorbent et emmagasinent de l’eau de pluie, ce qui peut réduire le ruissellement et les dépôts de sédiments après de fortes précipitations. De plus, les feuilles caduques, lorsqu’elles tombent, enrichissent le sol en nutriments.

Par ailleurs, cette journée est un atout efficace à l’introduction de la culture du reboisement ; une occasion pour nous de planter !

Tout au long de cette journée, une activité s’impose : celle de la plantation…

Devenue inévitable, elle est un moyen efficace pour promouvoir la culture du reboisement en RDC.

Une culture qui devrait faire partie de la vie quotidienne de tous résidents congolais.

Comme le dit un proverbe chinois : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment pour planter un arbre est maintenant. » Posons un geste pour sauver la planète en général et la RDC en particulier en plantant un arbre ou en parrainant la plantation d’un arbre.

Parce que le reboisement est une affaire de tous !

Bibliographie

  1. Ministère de l’Environnement et Développement Durable. Direction de Reboisement et Horticulture. Mis à jour le 30 mars 2019. [En ligne]. https://medd.gouv.cd/drho/  [Consulté le 05 janvier 2021]

Fédération canadienne de la faune. Journée nationale de l’arbre. [En ligne]. https://cwf-fcf.org/fr/donner/journe-nationale-de-larbre.html [Consulté le 05 janvier 2021]

Les forêts du bassin du Congo, de gigantesques puits de Carbonne à protéger inéluctablement

Les forêts couvrent 31% de la surface terrestre et constituent, derrière les océans, le 2eme plus grand puits de Carbonne de la planète(1). En d’autres termes, elles constituent le deuxième plus grand réservoir naturel absorbant le carbone de la biosphère.

Dans le bassin du fleuve Congo se niche une immense forêt tropicale, la seconde plus vaste de la planète après l’Amazonie, qui s’étend sur près de 3 millions de km² dont la moitié en RDC (2).

En effet, les forêts de la RDC couvrent une superficie estimée à 1.280.042,16 km², dont 99 millions d'hectares de forêts denses humides, soit 54,59 % du territoire national dont la superficie est d'environ 2.345.925 km²(3).

Les écosystèmes de ces forêts, recyclent le carbone et jouent à ce titre un rôle écologique majeur dans l'équilibre planétaire. Tout au long de leur vie, grâce au mécanisme biologique de la photosynthèse, les arbres puisent le gaz carbonique présent dans l'atmosphère. Ils l'emmagasinent dans leurs tronc, leurs branches, leurs racines et leurs feuilles et libèrent ensuite de l'oxygène dans l'air.

C'est ce qu'on appelle la photosynthèse. Un mécanisme qui nous permet à la fois de respirer et de diminuer la concentration du gaz à effet de serre CO2 dans l'atmosphère.

Un gaz qui, en absorbant les rayonnements infrarouges dus aux émissions solaires, retient à l’intérieur de l’atmosphère terrestre, une quantité importante de la chaleur solaire, qui devrait être renvoyé dans l’espace, créant ainsi un réchauffement global.

Ce réchauffement, serait à l’origine d’une montée des eaux dues à la fonte des glaciers, des perturbations des précipitations causant de fortes inondations, des sècheresses, typhons, cyclones et autres catastrophes naturelles…

Selon la Banque mondiale, le réchauffement climatique pourrait avoir un impact sanitaire en accroissant « l’incidence des maladies sous l’effet de vagues de chaleur et d’inondations». En effet, un réchauffement planétaire de 2 à 3°C augmenterait de 5% le nombre d’habitants exposés au paludisme, soit une hausse de 150 millions de personnes(4).

Les arbres freineraient donc le réchauffement climatique en capturant une partie du CO2 atmosphérique et en le stockant.

Cependant, aujourd’hui, ces forêts sont fortement menacées…

En 2019, 475 000 hectares de forêt primaire tropicale ont disparu en RDC, selon un bilan établi par la plateforme numérique Global Forest Watch (GFW), qui fournit des informations sur l’état des forêts, basées sur des données satellitaires(5).En quinze ans, la RDC aurait perdu 6 % de son couvert forestier(6).

En outre, l’agriculture de subsistance sur brûlis pratiquées par les populations locales et l’utilisation massive du charbon de bois constitueraient les principales causes de la déforestation en RDC.

Par ailleurs, le phénomène est également lié à une exploitation forestière accentuée par les commerces illicites de concessions forestières industrielles mais aussi à une exploitation minière et pétrolière avec par exemple, la présence supposée de pétrole dans le parc Virunga, qui a donné lieu au début de la décennie à un retentissant bras de fer entre les compagnies pétrolières et les défenseurs de l’environnement.  

La déforestation et la dégradation des forêts en RDC, causées principalement par l’accroissement des activités de subsistance (agriculture sur brûlis et récolte de bois de chauffe), sont accentuées par plusieurs facteurs sous-jacents, à commencer par la pression démographique.

La RDC enregistre la troisième plus forte croissance démographique en termes absolus. La population actuelle de 80 millions d’habitants devrait atteindre 120 millions en 2030, près de 200 millions en 2050 et près de 380 millions en 2100. Déjà touché par une forte insécurité alimentaire, le pays occupe la 107e position sur 113 dans l’Indice global de la sécurité alimentaire(7). L’accroissement de sa population entraînerait une hausse des besoins en nourriture, en logements, en combustibles, et avec elle une hausse de la déforestation.

N’étant pas épargnés des conséquences liées au réchauffement climatique, il en ressort que la protection des forêts du bassin du Congo est inéluctable. D’autres part, une urgence s’impose également : celle de la recherche d’autres alternatives afin de palier à l’accroissement des activités de subsistance des populations locales, qui par défaut, contribueraient fortement à la dégradation des forêts.

Bibliographie

1. (1) ONF. Les forêts, de gigantesques puits de Carbonne.  http://www1.onf.fr/gestion_durable/++oid++5ae6/@@display_advise.html [Consulté le 20 novembre 2020]

2. (2), (5) Laurent Ribadeau Dumas. La République démocratique du Congo, championne du monde de la déforestation après le Brésil. Mise à jour le 14 juin 2020. [En ligne] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/republique-democratique-du-congo/la-republique-democratique-du-congo-championne-du-monde-de-la-deforestation-apres-le-bresil_4000639.html [Consulté le 17 novembre 2020]

3. (3) EBA’A R.A., Les forêts de la RDC en 2008, Kinshasa, PUK, 2008

4. (4) Jardin, Emilie. Voici 14 conséquences concrètes du réchauffement climatique. Mise à jour le 10 septembre 2020. [En ligne] https://www.cnews.fr/monde/2020-05-28/voici-13-consequences-concretes-du-rechauffement-climatique-715454 [Consulté le 21 novembre 2020]

5. (6) Caramel, Laurence. La RDC, deuxième front de la déforestation mondiale. Mise à jour le 06 mai 2019. [En ligne] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/04/27/la-rdc-deuxieme-front-de-la-deforestation-mondiale_5455653_3212.html [Consulté le 17 novembre 2020]

6.  (7) Cafi. FAQ: Quelles sont les principales causes de la déforestation et la dégradation des forêts en RDC ? https://www.cafi.org/content/cafi/fr/home/all-news/drc-forests---frequently-asked-questions/what-contributes-most-to-deforestation-and-forest-degradation-in.html [Consulté le 17 novembre 2020]

Derrière son immense richesse hydrique, une bien triste réalité

Ressource vitale, et également précieuse, l’eau  se fait de plus en plus rare dans de nombreux pays.

Dans mon pays, la RDC, l’eau représente un patrimoine hydrique à la fois très important et abondant.

En effet, le réseau hydrographique de la RDC couvre environ 77 810 km² de son territoire(1). Il est constitué en grande partie de lacs et de rivières, dont les fameux Grands Lacs  Victoria, Tanganyika, Edouard et Kivu à cheval sur les pays voisins à l’Est. Des lacs, qui comptabilisent aussi des records au niveau africain et mondial.

Et bien sûr le majestueux fleuve Congo, véritable colonne vertébrale du pays, deuxième fleuve au monde derrière l’Amazone pour son débit de 80 832 m³/s, et cinquième par sa longueur soit 4 700 km(2).

Cependant, derrière toute cette beauté se cache une bien triste réalité !

Qu’advient-il de cet immense réseau hydrographique ?

Un énorme dépotoir…

Les berges du fleuve Congo se sont transformées en banquise de sacs et bouteilles en plastique. En raison de fortes pluies qui s’abattent sur le pays, les bouteilles qui viennent de loin, sont emportées par le courant et atterrissent finalement sur le fleuve qui couvre une grande partie de la ville de Kinshasa, formant ainsi un amas de bouteilles plastiques flottant.

Mais il n’y a pas que le fleuve qui se retrouve envahis. Les rivières également sont chargées de déchets, qui forment d’innombrables tapis de plastique, laissant disparaître toutes traces d’existence de rivières dans certains milieux.

Résultats : des inondations, parfois meurtrières lors de fortes pluies. Selon le HCR, en 2020, dans le Sud-Kivu, près de 80 000 personnes ont été touchées par de graves inondations causant la mort de 25 d’entre elles selon les premières informations. Tout portant à croire que de nombreuses autres personnes auraient été emportées par les crues.

En effet, les ordures qui s'accumulent, bouchent les tuyauteries et empêchent l'eau de pénétrer dans le sol. Ce qui cause, une fois de plus, lors de fortes pluies, des inondations provoquant parfois la mort de certains habitants.

Toutefois, le réseau hydrographique de la RDC n’est pas pollué que par les déchets plastiques ou ordures ménagères.

Dans certaines provinces comme l’ex-province du Katanga, plusieurs cours d’eau sont exposés à la pollution provoquée par l’activité minière intense dans ce coin. Les conséquences de la pollution des cours d’eau sont la présence des teneurs élevées des métaux lourds rejetés par les industries minières. Selon les normes environnementales, la quantité requise de cuivre pour un litre d’eau est de 0,16 mg contre 30 mg et 135 mg de zinc contre 1,16 g que l’on retrouve dans les eaux Katangaises(4).

De cette situation, les habitants n’en peuvent plus. La pollution des eaux s’accumule et avec elle, les risques sanitaires.

Les différentes pratiques citées ci-haut constituent une menace pour la qualité de l’eau et pour l’écosystème.

Près de 38 millions de congolais ou 53.5 % des ménages de la RDC puisent leur eau quotidienne dans un fleuve, un lac, ou une autre source non propre(5). Cette eau est utilisée pour cuisiner, se laver, nettoyer sa maison, et surtout pour boire.

Les populations, en consommant une eau polluée, s’exposent à de nombreuses maladies, notamment des maladies hydriques telles que le choléra. En 2013, 27 012 cas et 367 décès de choléra ont été enregistrés, dont près de 50% étaient attribués à l’épidémie au Katanga(6).

Cette pollution touche également la biodiversité, entraînant la disparition des espèces animales et végétales.

Au vue de tout ceci, une prise de conscience et un changement de mentalité et donc de comportement s’imposent à tous résidents de la RDC.

Car l’eau, cette ressource indispensable, limitée et de plus en plus rare dans le monde, s’avère être en abondance dans notre  pays.

Alors, prenons-en soin, respectons-la, car elle est source de vie !

Bibliographie

1. (1), (2) Tourisme RD Congo. Les atouts de la RDC. [En ligne] https://www.congo-tourisme.org [Consulté le 07 novembre 2020]

2. (3) UNHCR. RDC : Des dizaines de morts et 80 000 personnes touchées par les graves inondations dans le Sud-Kivu. Mise à jour le 21 avril 2020. [En ligne]. https://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2020/4/5e9ed4e3a/rdc-dizaines-morts-80-000-personnes-touchees-graves-inondations-sud-kivu.html [Consulté le 12 novembre 2020]

3. (4) Pinganayi, Glody. Les activités humaines continuent de polluer les eaux en RDC. Mise à jour le 27 juillet 2019. [En ligne] https://www.lemag.cd [Consulté le 08 novembre 2020]

4. (5), (6) Relief web. 38 millions de congolais n’ont pas accès à l’eau potable. Mise à jour le 31 mars 2014. [En ligne] https://reliefweb.int/report/democratic-republic-congo/38-millions-de-congolais-n-ont-pas-acc-s-l-eau-potable [Consulté le 08 novembre 2020]

5. Mousset, Laura. RDC : A Kinshasa, les déchets plastiques envahissent les cours d’eau. Mise à jour le 26 mai 2017. [En ligne] https://information.tv5monde.com/afrique/rdc-kinshasa-les-dechets-plastiques-envahissent-les-cours-eau-fleuve-congo-pollution- [Consulté le 07 novembre 2020]

6. Les Observateurs. Une « banquise de bouteilles en plastique recouvre le fleuve Congo à Kinshasa. Mise à jour le 05 mai 2017. [En ligne]. https://observers.france24.com/fr/20170509-une-banquise-bouteilles-plastique-recouvre-fleuve-congo-kinshasa [Consulté le 08 novembre 2020]

Par Noella Ciakavunda

Le retour à notre cher «Poto Moyindo», est-ce possible ?

Qualifiée par certains de scandale géologique, du fait de la grande richesse de ses gisements ainsi que de la diversité de ses minéraux, la RDC est également un immense réservoir de biodiversité.

Elle abrite en son sein l'une des plus grandes forêts tropicales humides du monde, qui contient une variété d'espèces animales et végétales et constitue un gouffre de carbone important pour la planète.

Mais également plusieurs rivières, affluents, lacs, et un fleuve majestueux, classé deuxième plus grand fleuve du monde en volume d'eau rejetée.

La RDC, c’est aussi le pays dans lequel j’ai vu le jour.  Et c’est à Kinshasa, la capitale, que je vis depuis plusieurs années maintenant.

« Kin, La Belle » ! Telle était son appellation dans les années 1970. Elle revêtait alors sa plus belle robe. Resplendissante et envoûtante, la ville était propre.

Tellement propre, que les habitants la surnommait « Poto Moyindo » qui signifie l’Europe Noire en lingala. Il y avait des poubelles partout, des services étaient chargés de ramasser les déchets et nul n’avait le droit de jeter les ordures par terre.

Le régime du président Zaïrois Mobutu imposait le « salongo », un travail d’intérêt général d’embellissement et d’assainissement appliqué jusque dans les écoles.

Chaque Samedi, tout le monde devait nettoyer sa parcelle, prendre sa houe ou sa machette pour couper l’herbe des quartiers, des espaces verts. La circulation était interdite, tous les marchés étaient fermés mais les vendeurs devaient nettoyer leur emplacement. Tous devaient suivre les ordres, au risque d’être réprimandé, d’avoir une amende ou d’être pris pour un opposant.

Quant à ceux, de nombreuses plaintes se succédèrent, demandant à l’Etat de puiser dans les impôts pour entretenir la ville, et non mobiliser les Kinois de force et sans rétribution.

Par ailleurs, il n’y avait pas autant de cas de malaria, ni de fièvre typhoïde qu’il y en a aujourd’hui… 

« Kin, La Belle » fait maintenant partie de l’histoire ancienne. Rebaptisée « Kin, La Poubelle », une cinquantaine d’années plus tard, elle est restée « Kin, La Belle » en son cœur, et « Kin, La Poubelle » presque partout ailleurs.

Dans de nombreux quartiers, d’impressionnantes rivières de plastiques pullulent. Les berges du fleuve Congo se sont transformées en banquise de sacs et bouteilles en plastique, des déchets ménagers s’enfouissent dans le sol et des flaques d’eau boueuses et nauséabondes favorisent la propagation de maladies telles que le paludisme et le choléra. Un portrait de la ville assez frustrant !

Une cinquantaine d’années plus tard, le bilan est plus que négatif. L’environnement urbain se dégrade de plus en plus.

De surcroit, cet environnement ne s’avère pas que nocif pour l’humain uniquement.

Plus généralement, les détritus constituent une menace pour une large partie de la faune marine : les déchets les plus gros causent blessures, infections ou mutilations aux animaux par effet "d'emmêlement", et les plus petits provoquent intoxications, empoisonnements, occlusions intestinales ou suffocations. 

Cependant, à qui incombe cette charge ? La ville a tout de même connu une extension urbaine non négligeable, passant d’une population d’un million d’habitants en 1970 à près de quatorze millions d’habitants aujourd’hui.

L'augmentation de la migration rurale vers la ville a entraîné une augmentation de la population humaine.

Cette croissance rapide et l'urbanisation de la ville de Kinshasa a engendré également le besoin de mettre en œuvre des systèmes efficaces de gestion des déchets et des technologies de recyclage.

Pour se faire, quelques mesures de lutte contre l’insalubrité ont été prises par le gouvernement congolais dans son programme Kinshasa Bopeto.

Ce dernier consiste entre autres à l’évacuation des immondices, à l’interdiction dans la ville de la commercialisation et l’utilisation des sacs, sachets et autres emballages en plastique ainsi qu’à la proposition d’autres alternatives telle que l’utilisation des emballages biodégradables. Une alternative adoptée dans la plupart des supermarchés de la place.

Toutefois, ce programme est-il suffisant pour réduire considérablement la pollution des sols et des eaux due aux déchets plastiques à Kinshasa ? Depuis son entrée en vigueur, les résultats sont-ils significatifs ?

Le Kinois en soi est-il assez sensibilisé sur la question ? A-t-il conscience de la taille de l’enjeu ? Ou devrait-on prôner un retour aux sanctions tel que dans les années 70 ? Comme le disent certains, est-ce que le Kinois ne comprendrait-il que le langage de la force ? Pour la salubrité de la ville, faudrait-il faire des sacrifices ?

Et le gouvernement ? S’intéresse-t-il réellement sur la question ? A-t-il également conscience de la taille de l’enjeu ?

Autant de questions qui me taraudent l’esprit au quotidien…

Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

Quel serait selon vous, le meilleur mécanisme qu’il nous faudrait adopter afin d’espérer un réel retour à notre cher « Poto Moyindo » ?

Par Noella Ciakavunda