Le retour à notre cher «Poto Moyindo», est-ce possible ?

Qualifiée par certains de scandale géologique, du fait de la grande richesse de ses gisements ainsi que de la diversité de ses minéraux, la RDC est également un immense réservoir de biodiversité.

Elle abrite en son sein l'une des plus grandes forêts tropicales humides du monde, qui contient une variété d'espèces animales et végétales et constitue un gouffre de carbone important pour la planète.

Mais également plusieurs rivières, affluents, lacs, et un fleuve majestueux, classé deuxième plus grand fleuve du monde en volume d'eau rejetée.

La RDC, c’est aussi le pays dans lequel j’ai vu le jour.  Et c’est à Kinshasa, la capitale, que je vis depuis plusieurs années maintenant.

« Kin, La Belle » ! Telle était son appellation dans les années 1970. Elle revêtait alors sa plus belle robe. Resplendissante et envoûtante, la ville était propre.

Tellement propre, que les habitants la surnommait « Poto Moyindo » qui signifie l’Europe Noire en lingala. Il y avait des poubelles partout, des services étaient chargés de ramasser les déchets et nul n’avait le droit de jeter les ordures par terre.

Le régime du président Zaïrois Mobutu imposait le « salongo », un travail d’intérêt général d’embellissement et d’assainissement appliqué jusque dans les écoles.

Chaque Samedi, tout le monde devait nettoyer sa parcelle, prendre sa houe ou sa machette pour couper l’herbe des quartiers, des espaces verts. La circulation était interdite, tous les marchés étaient fermés mais les vendeurs devaient nettoyer leur emplacement. Tous devaient suivre les ordres, au risque d’être réprimandé, d’avoir une amende ou d’être pris pour un opposant.

Quant à ceux, de nombreuses plaintes se succédèrent, demandant à l’Etat de puiser dans les impôts pour entretenir la ville, et non mobiliser les Kinois de force et sans rétribution.

Par ailleurs, il n’y avait pas autant de cas de malaria, ni de fièvre typhoïde qu’il y en a aujourd’hui… 

« Kin, La Belle » fait maintenant partie de l’histoire ancienne. Rebaptisée « Kin, La Poubelle », une cinquantaine d’années plus tard, elle est restée « Kin, La Belle » en son cœur, et « Kin, La Poubelle » presque partout ailleurs.

Dans de nombreux quartiers, d’impressionnantes rivières de plastiques pullulent. Les berges du fleuve Congo se sont transformées en banquise de sacs et bouteilles en plastique, des déchets ménagers s’enfouissent dans le sol et des flaques d’eau boueuses et nauséabondes favorisent la propagation de maladies telles que le paludisme et le choléra. Un portrait de la ville assez frustrant !

Une cinquantaine d’années plus tard, le bilan est plus que négatif. L’environnement urbain se dégrade de plus en plus.

De surcroit, cet environnement ne s’avère pas que nocif pour l’humain uniquement.

Plus généralement, les détritus constituent une menace pour une large partie de la faune marine : les déchets les plus gros causent blessures, infections ou mutilations aux animaux par effet "d'emmêlement", et les plus petits provoquent intoxications, empoisonnements, occlusions intestinales ou suffocations. 

Cependant, à qui incombe cette charge ? La ville a tout de même connu une extension urbaine non négligeable, passant d’une population d’un million d’habitants en 1970 à près de quatorze millions d’habitants aujourd’hui.

L'augmentation de la migration rurale vers la ville a entraîné une augmentation de la population humaine.

Cette croissance rapide et l'urbanisation de la ville de Kinshasa a engendré également le besoin de mettre en œuvre des systèmes efficaces de gestion des déchets et des technologies de recyclage.

Pour se faire, quelques mesures de lutte contre l’insalubrité ont été prises par le gouvernement congolais dans son programme Kinshasa Bopeto.

Ce dernier consiste entre autres à l’évacuation des immondices, à l’interdiction dans la ville de la commercialisation et l’utilisation des sacs, sachets et autres emballages en plastique ainsi qu’à la proposition d’autres alternatives telle que l’utilisation des emballages biodégradables. Une alternative adoptée dans la plupart des supermarchés de la place.

Toutefois, ce programme est-il suffisant pour réduire considérablement la pollution des sols et des eaux due aux déchets plastiques à Kinshasa ? Depuis son entrée en vigueur, les résultats sont-ils significatifs ?

Le Kinois en soi est-il assez sensibilisé sur la question ? A-t-il conscience de la taille de l’enjeu ? Ou devrait-on prôner un retour aux sanctions tel que dans les années 70 ? Comme le disent certains, est-ce que le Kinois ne comprendrait-il que le langage de la force ? Pour la salubrité de la ville, faudrait-il faire des sacrifices ?

Et le gouvernement ? S’intéresse-t-il réellement sur la question ? A-t-il également conscience de la taille de l’enjeu ?

Autant de questions qui me taraudent l’esprit au quotidien…

Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

Quel serait selon vous, le meilleur mécanisme qu’il nous faudrait adopter afin d’espérer un réel retour à notre cher « Poto Moyindo » ?

Par Noella Ciakavunda